« L’amour mixte envers et contre tous » : des débats passionnés et passionnants en perspective !
Cette année, la sélection de films "L’amour mixte envers et contre tous" questionne le rapport entre cinéma et couples mixtes : qu’ont-ils de si particulier ? Qui dérangent-t-ils ? Quels obstacles se mettent en travers de leur route ? A travers ces questions, c’est aussi la vision de notre société sur la diversité qui est en débat... À Films Ouverts vous invite à partager votre opinion sur ces questions lors des projections des films The big sick, Cherchez la femme, The visitor, Mauvaise foi, Just a kiss,Noces et A United Kindgom.
Au cinéma, l’amour semble vaincre tous les obstacles. Le genre de la romance idéalise souvent les amoureux, comme dans A United Kingdom où on ne voit jamais de doutes ni de tensions apparaître dans le couple. Comme si le racisme et les nombreuses difficultés rencontrées par Seretse Kham, jeune roi du Botswana et Ruth Williams, jeune employée londonienne, loin d’affaiblir leur amour, le renforçait. Le racisme pourrait-il vraiment être un ciment plutôt qu’un obstacle à l’amour ? Pas toujours : le film Just a kiss montre combien le poids du regard des autres peut peser sur les couples qui sortent de la norme. Dans cette histoire, une jeune enseignante de musique dans une école catholique et un DJ pakistanais rêvant d’ouvrir son propre club, essaient d’ignorer leur entourage et de vivre discrètement leur amour, mais la réalité les rattrape vite… De même que dans les films Noces ou Mauvaise foi, le spectateur adhérera sans doute plus facilement aux idéaux de liberté du couple, en condamnant le conservatisme de l’entourage qui s’oppose à la relation. Mais n’est-ce justement pas cette critique du conservatisme des Autres qui fait le succès de ces films ? Serions-nous aussi intransigeant si c’était nos propres conservatismes qui étaient mis en jeux face à l’amour ?
Dans le film Noces, le réalisateur a pris le parti de ne pas juger mais plutôt d’aider à comprendre le point de vue des protagonistes de ce drame, inspiré d’un fait réel. Pourtant, le regard semble rester occidental sur le respect des traditions, la honte et le déshonneur familiaux. Ce film amène peu de réponses mais beaucoup de questions : pourquoi la femme porte-t-elle l’honneur de la famille ? La culture est-elle plus forte que l’amour ? Est-on obligé d’accepter la pression sociale ? Et puis surtout, que signifie le succès de ce film auprès du public belge ? A qui s’adresse-t-il ? Prêche-t-il des convaincus ? Ne contribue-t-il pas à rendre les belges d’origine pakistanaise plus étrangers ?
On dit parfois que se marier avec quelqu’un, c’est aussi épouser sa famille. Mais que se passe-t-il quand ces familles n’ont pas du tout la même culture ou la même religion ? Les différences sont-elles vraiment plus significatives entre familles de cultures différentes qu’entre celles issues d’une même culture ? Dans Cherchez la femme, Mauvaise foi et The big sick (Mal d’amour), les choses se compliquent quand les familles s’immiscent dans la relation. Les couples qui s’étaient efforcés de cacher leur relation, devront soit se travestir et adopter les coutumes de l’un pour paraître digne d’être accepté dans la famille, soit cacher leur identité réelle. Cela amène souvent à des situations cocasses à la limite du grotesque où l’adoption de traditions par un étranger qui n’y comprend rien devient un ressort comique. On pourra alors se poser la question de l’humour : de qui rit-on dans ces situations ? De l’incompréhension ou de la rigidité des traditions ? Dans tous ces films, la rencontre avec la famille cristallise donc l’incompatibilité des cultures et le rejet de l’autre, provoquant généralement de grands esclandres. Le film The big sick se concentre particulièrement sur la relation avec la belle-famille, montrant que finalement, ce qui pose le plus problème dans ces situations sont bien les préjugés de chacun et non la différence de culture.
Enfin, l’amour rend-il aveugle à la différence ? Peu de films explorent réellement les difficultés liées à la différence de culture au sein même du couple. Les obstacles semblent toujours provenir de l’entourage ou de la société. Mais finalement, n’est-ce pas parce que les compromis nécessaires pour s’accorder à son ou sa partenaire ne sont pas plus difficiles dans un couple mixte que dans n’importe quel autre couple ?