Faire un film ou comment réfléchir sur l’impact des images

Pour la onzième fois, le Festival À FILMS OUVERTS propose le « ConcoursCréativité » de courts métrages. En 2016, ce sont près de 80 films qui ont dû être départagés pour établir la sélection soumise au public. Au-delà du concours, ces oeuvres sont l’aboutissement d’un processus de réflexion souvent collectif qui implique jeunes et moins jeunes sur des questions liées à l’interculturalité et à la représentation médiatique de la diversité.


Julie Dupont est psychologue et enseignante à l’Institut Sainte Marie à Châtelet, elle a notamment participé aux éditions du concours À Films Ouverts 2014 et 2015 avec ses classes. En 2015, elle présente, dans la catégorie très court métrage (moins d’une minute), le film Belges réalisé avec sa classe de 6e sciences sociales et éducatives.

« C’est une approche pertinente pour aborder des thématiques liées aux stéréotypes et aux préjugés. Surtout compte tenu des mutations de l’environnement médiatique actuel et de la numérisation des supports auxquels sont confrontés les élèves » explique-t-elle. La participation de Julie Dupont et de sa classe aux deux éditions précédentes du concours s’inscrit dans le programme des cours en collaboration entre les classes de 6e et de 7ème TIS (Technicien en Imagerie de Synthèse). Cette interdisciplinarité permet d’allier le contenu, la forme et la technique. Mme Dupont a eu l’occasion de participer à un atelier préparatoire dispensé par Media Animation, ce qui lui a donné la possibilité d’envisager les différentes étapes nécessaires à la conception ainsi qu’à la réalisation d’un court métrage. Leur film Belges dénonçait les discriminations entre les Flamands et les Wallons, en jouant sur des images stéréotypées telles que les usines et moulins. « Le concours offre une matière pédagogique intéressante, c’est dans celle-ci que réside la principale richesse pour les enseignants qui souhaitent participer à ce type de projets ».

Mourad Touati est enseignant à l’Athénée Royal d’Aywaille et réalisateur de contenu audiovisuel chez MHT Visio. En 2015, il obtient le 2ème prix du public lors du concours À Films Ouverts avec le court métrage Frères de sang : « J’ai pris cette participation comme une sorte de défi : l’objectif de réaliser un film dans les délais impartis. C’est-à-dire le monter, le tourner moi-même, pour une bonne cause avec un message positif ».

« Nous sommes tous humains avant tout. Les discours racistes restent dans un coin de notre tête et le jour où l’on a un incident avec une personne d’origine étrangère, il refait surface. Et c’est là d’où vient le danger de ce type de discours. On va alors généraliser, alors qu’il ne s’agit que d’une anecdote, d’une personne parmi tant d’autres et que cela aurait pu arriver avec n’importe qui. Nous sommes tous potentiellement racistes et en particulier lorsque l’on se laisse manipuler par ce genre d’allocutions ». Inscrit dans un genre proche du film d’action ou de gangster, le scénario implique une violence plus ou moins suggérée qui a fait réagir
le public lors de sa diffusion. Comme le faisait remarquer, Hadja Lahbib, présidente du jury en 2015 : « On ne mérite pas de mourir même pour des actes racistes ». Suite à cette remarque, « on a essayé de faire quelque chose de plus positif avec ma classe de l’Athénée Royal d’Aywaille avec laquelle nous participons au concours de cette année ».