Sélection thématique « La condition féminine unit-elle les cultures ? »

S’il est un trait presque commun à toutes les sociétés, ce sont les inégalités souvent brutales qui pèsent sur les femmes. À travers une sélection de films qui montrent les combats féminins dans diverses cultures ou dans le contexte des migrations, on pourra se demander si la condition féminine est systématiquement problématisée de la même manière et si ces difficultés relient, malgré elles, les sociétés. Les films permettront aussi d’interroger la place des héroïnes dans le cinéma. Ne sont-elles pas réduites aux problématiques liées à leur sexe là où les personnages masculins porteraient plus volontiers des défis plus généraux ? Le cinéma de la cause féminine ne cantonne-t-il pas ses personnages à des affaires exclusivement « de femmes » ? Enfin, lorsque le cinéma occidental dramatise et dénonce les situations qui lui semblent exotiques, n’instrumentalise-t-il pas la cause pour renforcer des préjugés simplistes sur les autres cultures, voir même pour minimiser les inégalités qui existent en occident ?

Du Congo au Guatemala, du Nord de la Turquie au coeur de Bruxelles, le cinéma nous montre des femmes confrontées à un même combat contre les traditions patriarcales. Luttant pour le contrôle de leur corps, pour leur libre arbitre sentimental et sexuel, pour une vie sociale et économique autonome et contre les violences infligées par les brutalités masculines, elles semblent unies dans une lutte qui transcende les cultures et les contextes socio-économiques.

Symptôme d’une évolution des mentalités, ce cinéma engagé et transculturel est mis à l’honneur de cette onzième édition d’À Films ouverts et sera mis à contribution pour animer les débats autour du rapport entre l’émancipation de la femme, les cultures et son usage politique parfois ambigu. Mustang, Difret et Ixcanul dénoncent l’oppression patriarcale dans des contextes culturels différents. L’homme qui répare les femmes souligne les atrocités commises en temps de guerre, Much Loved révèle à sa manière l’universalité de la prostitution, Cheba Louisa, Fatima et les documentaires Özge et sa petite Anatolie, Patience, Patience... t’ iras au paradis s’emparent de la situation de la femme migrante pour en explorer des dimensions différentes, souvent insoupçonnées, pour finalement rendre la parole à celles que leur condition féminine enferme d’une manière ou d’une autre.

Retrouvez les projections des films de la sélection "La condition féminine unit-elle les cultures ?" :
Blanc Gris de May-Lis Bertin (drame, Belgique, 2013, 90’)
Cheba Louisa de Françoise Charpiat (drame, France, 2013, 116’
Difret de Zeresenay Mehari (drame, USA, 2015, 99’)
Fatima de Philippe Faucon (Drame, France, 2015, 79’)
Ixcanul de Jayro Bustamante (drame, France/Guatemala, 2015, 90’)
L’Homme qui répare les femmes : La Colère d’Hippocrate de Thierry Michel (documentaire, Belgique, 2015, 112’)
Much Loved de Nabil Ayouch (drame, Maroc, France, 2015, 105’)
Mustang de Deniz Gamze Ergüven (drame, Turquie, France, Allemagne, 2015, 94’)
Özge et sa petite Anatolie de Pierre Chemin et Tülin Özdemir (documentaire, Belgique, 2015, 52’)
Patience, Patience… , t’iras au paradis ! de Hadja Lahbib (documentaire, Belgique, 2014, 85’)