Difret impensable chez nous ?

Le film Difret montre une société éthiopienne où les femmes sont totalement dépendantes de leur mari. La lutte de Hirut (une jeune fille de quatorze ans kidnappée et violée par son futur mari) et son avocate pour faire reconnaître le droit pour les femmes à la légitime défense et à disposer de leur propre corps peut sembler bien éloigné de la réalité belge.
Pourtant, il existe en Belgique des lois qui empêchent des femmes de quitter leur mari abusif. Par exemple, la loi du regroupement familial contraint une femme à rester sous le même toit que son mari même s’il l’exploite, abuse d’elle ou la bat, sous peine d’être expulsée de Belgique.

Cette violence institutionnalisée, qui met souvent ces femmes dans une situation d’impuissance face à un bourreau qui connait son impunité, offre peu de recours. Le retour dans leur pays d’origine est bien souvent impensable (déshonneur d’avoir raté
son mariage, situation économique précaire...) et porter plainte contre le mari abusif est très risqué puisque leur séjour en Belgique dépend de lui10. Peu de films et encore moins de fictions tendent à montrer ces violences encore présentes dans notre société belge à l’heure actuelle, et pourtant les combats de ces femmes et de leurs avocates n’ont rien à envier au film judiciaire Difret.